Il s'agissait cette fois de decrire un objet et de laisser cette description a notre voisin de table pour qu'il en découvre/invente l'usage. La description que j'ai faites était celle de la poire d'angoisse, chere aux boureaux du moyen age ! Et celle que je reçu fut celle de Frederic. Je ne l'avait pas deviné, c'etait une visionneuse stereoscopique ...
Au fond d’une vieille armoire, une boite en carton gris piquée par endroit de petites taches.
Une fois soulevés couvercle et poussière, on en extirpe un boitier de bois clair, lisse et verni avec soin. Ses dimensions sont celles d’un très gros livre.
Sur sa face exterieur se trouve une fine trappe de bois rendue mobile grace à une charniere de laiton. Sur son coté latteral droit, une fente de quelques millimètres de largeur et de trois centimètre de hauteur avec un petit crochet et un anneau en permettant la fermeture. A l’arriere du boitier se trouvent deux lunettes de bachélite noire munies de fortes lentilles, presque identique à une paire de jumelles comme inserées dans le bois. Enfin sur la face avant une plaque de verre opaque blanc-gris.
Le professeur Brown avait raison, elles sont là, elles m’attendent !
Après avoir longuement caressé le boitier, senti les fins defauts du vernis sous mes doigts, les froides charnieres, le doux bachelite, je repose l’artefact dans sa boite . Je saisis dans la poche de mon veston brun en velour cotelé la pierre de Rava. D'environ deux centimètres de diamètre, cette pierre mystique, semblable à une agathe noire, m’avait fait profaner la tombe du Rabi Zera dans le vieux cimetierre de Prague.
Et donc suite à des années d’étude, de voyages et d’enquêtes je vais enfin découvrir le secret, mon secret !
Prudement je deverouille le crochet lateral et j’ouvre la trappe du boitier de bois par son sommet. A l’interieur je découvre un écrin de cuir sombre, gravé de glyphes kabalistiques rouges, et tout
autour sont disposés de petits miroirs en cercles concentriques. Je roule la pierre de Rava dans ma main avant de la placer au centre du dispositif et de refermer la petite trappe.
Tout est en place. Mon coeur bat fort.
J’inspire et j’expire profondement pour me calmer ... et la vieille maison grince sous le vent du nord qui souffle ...
Enfin décidé, je porte les optiques de bachelite à mes yeux. Je distingue au milieu de l’obscurité une lointaine lueur. Puis une image se détache, se rapproche et devient nette. Je me reconnais. Je suis dans une chambre avec un lit recouvert d’un plaid poussiereux ... les murs sont recouvert d’un papier à motif gris passé ... puis il y a une grosse armoire ouverte … il y a aussi un homme face à moi. C’est un SS qui me vise de son lugger … et tire ! Je vois mes jambes m’abandonner et enfin ma derniere vision est celle d'un plancher de chêne grossier qui se teinte de sang.
Effrayé, j’arrache ‘les lunettes du prophète’ de ma vue et je remarque face à moi un SS, un rictus aux lèvres et un lugger au poing.