De beaux textes qui se completent , se repondent et finalement forment un tout a travers l'histoire de Randolph Carter. Tout s'imbrique pour dessiner la cartographie des songes de Lovecraft car pas de doute ce Mr Carter c'est lui ! Il est souvent un peu paranoiaque quoique bien moins qu'il ne le sera dans le mythe de Cthulhu : Ce qui est exterieur est laid, ce qui est ancien est plus puissant, on ne peut faire confiance aux dieux, notre réalité n'est qu'un triste leure, etc ...
Le coeur du livre c'est donc la quête de Randolph Carter, arpenteur de rêve, decu par le monde, trahit par les dieux, insatisfait des idées humaines etriquées. Il cherche la legendaire citée de Kadath situé par dela notre monde de l'éveil. J'ai particulierement apprécié la nouvelle de la clé d'argent qui semble être la voix-même de Lovecraft, il essaie de se fondre dans la société mais il en ressort desabusé , écoeuré et rêve de la vie simple de son enfance.
Un scenario quelques fois un peu daté avec les peuples étranges de la lune, l'armée des chat qui convoque des assemblés et tend des embuscades ou un Yogi indien que l'on verrait bien réalisé par Melies. La traduction ( nouvelle ) quant a elle ne m'a pas convaincu. Le traducteur a surement voulu coller au texte au detriment d'une certaine coherence litteraire, et le résultat ne temoigne plus de l'ambiance si particuliere des romans de Lovecraft. Je prefere l'ancien traducteur , plus académique. Mais ça se lit bien :)
Extrait :
"Kuranes n'était pas moderne. Il ne pensait pas comme les autres écrivains, qui s'efforcent de dépouiller la vie de ses robes brodées de mythes, et de montrer dans toute son horrible nudité cette chose répugnante qu'est la réalité. Kuranes, lui, ne se souciait que de beauté. Quand l'expérience et la vérité échouèrent à la révéler, il partit la chercher dans l'illusion, dans l'imagination, et la trouva sur le seuil même de sa maison, parmi les souvenirs nébuleux des contes et des rêves d'enfants.
Peu de gens savent quelles merveilles les attendent dans les histoires et les visions de leur jeunesse. Car enfant, lorsque nous écoutons et rêvons, nos pensées ne sont qu'à moitié formées. Alors qu'une fois devenus adultes, quand nous essayons de nous les rappeler, le poison de la vie nous a rendus pragmatiques et étroits d'esprit. Pourtant, certains d'entre nous se réveillent la nuit avec d'étranges fantasmes de collines et de jardins enchantés, de fontaines chantant au soleil, de falaises dorées surplombant le murmure des vagues, de plaines descendant vers de somnolentes cités de bronze et de pierre [...]. Nous savons alors que nous avons regardé de l'autre coté de ces portes d'ivoire donnant sur ce monde de merveilles qui était notre avant que nous ne devenions sages et malheureux."