mardi 1 mai 2012
Avec les damnés , Charles BUKOWSKI
Cette anthologie est excellente pour faire connaissance avec cette vieille canaille de Bukowski !
Des textes, des nouvelles, des poemes... personellement j'adore ! Certes c'est un peu cru et désabusé, certes il se met en scene ainsi que la pauvreté, la prostitution, l'alcoolisme , ... mais bon sang que c'est bien fait !
Un livre tout simplement humain . Une antologie 'must read' pour quiconque veut jetter un oeil sur l'auteur mythique et cette autre amerique, celle des 'loosers'.
Ca vaut le coup quand on est guidé par ce cabochard de Bukowski !
Citation : "Les hopitaux, les prisons et les putes : telles sont les universités de la vie."
Atelier du 20 avril 2012
Et encore un texte de l'atelier !
Il s'agissait de presenter un personnage confronté à une porte ...
Il fait nuit, il fait froid.
J’ai sur moi mon uniforme kaki et mon arme de service. J’ai bu ‘un peu’ et je ne marche plus très droit jusqu’au poste de garde. Mes rangers crissent sur le gravillon et salissent le silence glaciale qui recouvre notre caserne tapie au coeur de la forêt vosgienne.
J’ouvre la lourde porte de la salle de garde, allume le néon du plafond et je m’écroule lourdement sur la chaise réglementaire, derrière un petit bureau de metal gris. La piéce est dépouillée . Les murs sont peints en jaune et renvoient une lumiere criarde qui me fait mal au crane … une vitre blindée y est accrochée comme une immense toile avec son reverbere dont l’éclairage cru dessine la barriere de la caserne. Tout est immobile, gelé, dans l’air froid et clair de l’hivers.
Je suis seul, a peine rechauffé par l’alcool.
J’écoute ma respiration lourde.
Je joue avec mon pistolet automatique machinalement.
Mon équipe dort dans la piece d’a coté. J’irai en reveiller un … plus tard...
On est tous de garde, isolé sur notre colline, ce week-end du nouvel an.
Je fixe cette barriere, si mince, seule relief de mon paysage. Il serait facile de passer dessous, ou par dessus ...derriere c'est la liberté , le civil ! Mais en fait ce n’est pas si simple, car cette barriere est protegée par le reglement, lui-même protegé par des soldats, eux-même protegés par leurs armes : du coup ça en fait du monde a passer pour sortir !
Apres ma ronde j’étais revenue par le mess des officiers et avec le barman de permanence. On s’en était jeté quelques’uns derriere le col ... toutes sortes d’alcool ! Et on avait parlé des copains qui ont rejoint leurs familles ou leurs petites amis, ou bien les deux. Je les imagine maintenant décomptant les secondes avant la nouvelle année. J’imagine les bises qu’on échangent, y compris à la tata-monique-qui-pique. Les rires forcés. les danses molles de fin de soirée. Les nausées avant l’aube.
Je fixe toujours cette satanée barriere bariolée de rouge et de blanc. Une simple poutre … Le meilleur moyen se carapater du casernement ! Parce que pour le reste la caserne est fortifiée a l’ancienne avec de hauts murs de pierre et des douves ! Je suis seul, qu’est ce qui pourrait physiquement m’empecher de sortir ?
Je pense à ma femme qui est à la maison … non pas elle ! Elle doit plutot etre à faire la fête avec des copains ! Et mes parents … Ah le nouvel an en famille ! Les réveillons tellement longs avec en bruit de fond les émissions de télé. Les eclats de rire en boite, les videos réchauffés, les chanteurs sur le retour et les danseuses à peine scandaleuse d’une revue pour faire saliver papy... La soirée pour looser solitaire !
Je suis seul avec ma barriere et comme Ebenezer Srooge, les fantômes du passée et du présent étaient venus me visiter.
Si je sortais maintenant ? Le premier village est à quoi ? une bonne heure de marche ! Je rentrerai dans un bistrot. Je boirai, je jouerai aux cartes ... Puis il y aurait de la musique et des filles. On danserait … peut-etre même plus ! Et puis au petit matin je me ferai raccompagner ... Qui le saurait ? Juste à prendre mon courage à deux mains, me lever, passer cette barriere et en avant ! J’aurai de quoi raconter au mess demain !
Juste a passer cette barriere tellement proche et tellement loin.
Non, je n’abandonnerai pas ma barriere. Je suis son gardien.
A quoi bon cette soirée dans un bar ? Ici j’ai déja bien bu . Danser avec des filles ? Je ne sais pas danser et puis pourquoi danseraient-elles avec moi, un bidasse quelconque ?
Devant cette barriere je doit l’avouer je me sens a l’abri. Elle me garde autant que je la garde. Elle est pas epaisse mais elle me protege avec les reglements, les soldats et leurs armes. Dehors, le civil c’est la liberté mais la solitude aussi. Ici j’ai mon rôle. On est entre copain !
Cette barriere je l’aime bien et je me verrai bien signer pour encore quelques années !
Il s'agissait de presenter un personnage confronté à une porte ...
Il fait nuit, il fait froid.
J’ai sur moi mon uniforme kaki et mon arme de service. J’ai bu ‘un peu’ et je ne marche plus très droit jusqu’au poste de garde. Mes rangers crissent sur le gravillon et salissent le silence glaciale qui recouvre notre caserne tapie au coeur de la forêt vosgienne.
J’ouvre la lourde porte de la salle de garde, allume le néon du plafond et je m’écroule lourdement sur la chaise réglementaire, derrière un petit bureau de metal gris. La piéce est dépouillée . Les murs sont peints en jaune et renvoient une lumiere criarde qui me fait mal au crane … une vitre blindée y est accrochée comme une immense toile avec son reverbere dont l’éclairage cru dessine la barriere de la caserne. Tout est immobile, gelé, dans l’air froid et clair de l’hivers.
Je suis seul, a peine rechauffé par l’alcool.
J’écoute ma respiration lourde.
Je joue avec mon pistolet automatique machinalement.
Mon équipe dort dans la piece d’a coté. J’irai en reveiller un … plus tard...
On est tous de garde, isolé sur notre colline, ce week-end du nouvel an.
Je fixe cette barriere, si mince, seule relief de mon paysage. Il serait facile de passer dessous, ou par dessus ...derriere c'est la liberté , le civil ! Mais en fait ce n’est pas si simple, car cette barriere est protegée par le reglement, lui-même protegé par des soldats, eux-même protegés par leurs armes : du coup ça en fait du monde a passer pour sortir !
Apres ma ronde j’étais revenue par le mess des officiers et avec le barman de permanence. On s’en était jeté quelques’uns derriere le col ... toutes sortes d’alcool ! Et on avait parlé des copains qui ont rejoint leurs familles ou leurs petites amis, ou bien les deux. Je les imagine maintenant décomptant les secondes avant la nouvelle année. J’imagine les bises qu’on échangent, y compris à la tata-monique-qui-pique. Les rires forcés. les danses molles de fin de soirée. Les nausées avant l’aube.
Je fixe toujours cette satanée barriere bariolée de rouge et de blanc. Une simple poutre … Le meilleur moyen se carapater du casernement ! Parce que pour le reste la caserne est fortifiée a l’ancienne avec de hauts murs de pierre et des douves ! Je suis seul, qu’est ce qui pourrait physiquement m’empecher de sortir ?
Je pense à ma femme qui est à la maison … non pas elle ! Elle doit plutot etre à faire la fête avec des copains ! Et mes parents … Ah le nouvel an en famille ! Les réveillons tellement longs avec en bruit de fond les émissions de télé. Les eclats de rire en boite, les videos réchauffés, les chanteurs sur le retour et les danseuses à peine scandaleuse d’une revue pour faire saliver papy... La soirée pour looser solitaire !
Je suis seul avec ma barriere et comme Ebenezer Srooge, les fantômes du passée et du présent étaient venus me visiter.
Si je sortais maintenant ? Le premier village est à quoi ? une bonne heure de marche ! Je rentrerai dans un bistrot. Je boirai, je jouerai aux cartes ... Puis il y aurait de la musique et des filles. On danserait … peut-etre même plus ! Et puis au petit matin je me ferai raccompagner ... Qui le saurait ? Juste à prendre mon courage à deux mains, me lever, passer cette barriere et en avant ! J’aurai de quoi raconter au mess demain !
Juste a passer cette barriere tellement proche et tellement loin.
Non, je n’abandonnerai pas ma barriere. Je suis son gardien.
A quoi bon cette soirée dans un bar ? Ici j’ai déja bien bu . Danser avec des filles ? Je ne sais pas danser et puis pourquoi danseraient-elles avec moi, un bidasse quelconque ?
Devant cette barriere je doit l’avouer je me sens a l’abri. Elle me garde autant que je la garde. Elle est pas epaisse mais elle me protege avec les reglements, les soldats et leurs armes. Dehors, le civil c’est la liberté mais la solitude aussi. Ici j’ai mon rôle. On est entre copain !
Cette barriere je l’aime bien et je me verrai bien signer pour encore quelques années !
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