mardi 8 mai 2012

Atelier du 4 mai 2012


 Il s'agissait cette fois de decrire un objet et de laisser cette description a notre voisin de table pour qu'il en découvre/invente l'usage. La description que j'ai faites était celle de la poire d'angoisse, chere aux boureaux du moyen age ! Et celle que je reçu fut celle de Frederic. Je ne l'avait pas deviné, c'etait une visionneuse stereoscopique ... 





Au fond d’une vieille armoire, une boite en carton gris piquée par endroit de petites taches.
Une fois soulevés couvercle et poussière, on en extirpe un boitier de bois clair, lisse et verni avec soin. Ses dimensions sont celles d’un très gros livre.
Sur sa face exterieur se trouve une fine trappe de bois rendue mobile grace à une charniere de laiton. Sur son coté latteral droit, une fente de quelques millimètres de largeur et de trois centimètre de hauteur avec un petit crochet et un anneau en permettant la fermeture. A l’arriere du boitier se trouvent deux lunettes de bachélite noire munies de fortes lentilles, presque identique à une paire de jumelles comme inserées dans le bois. Enfin sur la face avant une plaque de verre opaque blanc-gris.

Le professeur Brown avait raison, elles sont là, elles m’attendent !
Après avoir longuement caressé le boitier, senti les fins defauts du vernis sous mes doigts, les froides charnieres, le doux bachelite, je repose l’artefact dans sa boite . Je saisis dans la poche de mon veston brun en velour cotelé la pierre de Rava. D'environ deux centimètres de diamètre, cette pierre mystique, semblable à une agathe noire, m’avait fait profaner la tombe du Rabi Zera dans le vieux cimetierre de Prague.


Et donc suite à des années d’étude, de voyages et d’enquêtes je vais enfin découvrir le secret, mon secret !

Prudement je deverouille le crochet lateral et j’ouvre la trappe du boitier de bois par son sommet. A l’interieur je découvre un écrin de cuir sombre, gravé de glyphes kabalistiques rouges, et tout
autour sont disposés de petits miroirs en cercles concentriques. Je roule la pierre de Rava dans ma main avant de la placer au centre du dispositif et de refermer la petite trappe.


Tout est en place. Mon coeur bat fort.
J’inspire et j’expire profondement pour me calmer ... et la vieille maison grince sous le vent du nord qui souffle ...

Enfin décidé, je porte les optiques de bachelite à mes yeux. Je distingue au milieu de l’obscurité une lointaine lueur. Puis une image se détache, se rapproche et devient nette. Je me reconnais. Je suis dans une chambre avec un lit recouvert d’un plaid poussiereux ... les murs sont recouvert d’un papier à motif gris passé ... puis il y a une grosse armoire ouverte … il y a aussi un homme face à moi. C’est un SS qui me vise de son lugger … et tire ! Je vois mes jambes m’abandonner et enfin ma derniere vision est celle d'un plancher de chêne grossier qui se teinte de sang.

Effrayé, j’arrache ‘les lunettes du prophète’ de ma vue et je remarque face à moi un SS, un rictus aux lèvres et un lugger au poing.  








Atelier du 26 avril 2012



Le texte de la semaine : il s'agissait de lier les dates de l'histoire a notre histoire personnelle ...

 




“Anatole Dubain 1969-2013 est appelé au bureau Saint Pierre guichet A10”
Crachote un vieux haut parleur de la salle d’attente.

Anatole se léve. Il passe timidement, sa corde de pendu encore à la main, devant une épaisse femme au visage bouffi, quelques algues accrochées dans ses cheveux gras.  Puis il trébuche dans les jambes d’un motard, tenant sous son bras son casque avec sa tete à l’interieur, avant d’atteindre le couloir qui mène aux guichets A.
Le couloir est sombre et plusieurs portes, marquées de numéros, luisent de différentes couleurs. A5, A8, A10 c’est là ! Anatole toque et ouvre la porte. Il decouvre, derriere un long bureau gris, un ange mal razé aux ailes sales et deplumées. Celui-ci, sans lever les yeux de ses papiers, l’invite du geste à s’assoire. Anatole s’execute et l’ange lit à haute voix le document :
“Monsieur Anatole Dubain, mis sur terre le 6 juin 1970 à Paris et retiré le 27 decembre 2013 à Paris par pendaison volontaire.”
- C’est ça monsieur l’ange.
- Pas de familiarité entre nous Monsieur Dubain. Appelez moi par mon nom : Fonctionnaire Uriel de grade 3 au bureau Saint Pierre. C’est écrit sur la plaque du bureau, c’est pas difficile.”
Anatole aquièce silencieusemenent.
“- Bon , il nous manque quelques dates  pour completer le formulaire “Acta est fabula” qui va servir à instruire votre cas pour le jugement dernier. En effet suite à une migration de nos bases de donnée, nous avons perdu quelques informations que cet entretient à pour but de retablir. Il s’agit de date historique, se sera aisé de vous les rappeler. Alors voyons.... Que faisiez vous lors du passage au second millenaire ?
- Eh bien j’étais dans mon petit appartement de banlieue. La lumiere etait éteinte et les rares meubles étaient comme des fantômes se dessinant dans la faible lueur des reverberes de la rue. J’entendais des fêtes que l’on donnait dans aux alentours. De la musique, des éclats de rires, des cris d’exitation. Et moi j’esperais que ça n’allait pas réveiller mon amie malade qui dormait dans ma chambre ...
- Oui vraimement passionnant. Vous êtes un ange Anatole ! Lache le fonctionnaire angelique tout en griffonnant sur la fiche cartoné sur son bureau. Et que faisiez vous le 25 juin 2009 ?
- Le 25 juin 2009 ?
- Oui à la mort de Johnny Hallyday.
- Il est mort ?



- Ah ! Autant pour moi. Cette date de grande liesse n’est pas encore échue. Non, c’etait le départ de monsieur Jackson Michael, le chanteur international. Alors ?
- Eheu... J’étais à Cuba, dans un taxi avec une amie du cru. J’ai entendu la nouvelle à la radio en espagnol. Je n’etais pas sur de l’info mais la femme avec qui j’étais etait catastrophée et me l’a confirmé. C’etait incroyable que ce pillier de la culture pop de mon enfance puisse mourir !
- Eh oui Mr Dubain, c’est bien malheureux. Donc vous étiez avec une amie, la même que précédement ?
- non votre honneur.
- Je vous en  prie monsieur Dubain. Bon, je note... Et pour le 11 septembre 2001 ?
- Vous ne me demandez pas pour la mort de Claude François ?
- Non, non. Alors ce 11 septembre ?
- J’étais au bureau, à La defense, dans une tour, et un collègue nous a dit de regarder sur internet. On avait les images en direct. Tout le monde avait arreté de travailler. C’etait fou ce qui arrivait, les avions de ligne remplis de passager qui s’abimaient dans les tours, puis d’autres sur le pentagone ou sur la route de Washinton. On pensait qu’on etait a l’aube d’une grande guerre. Et puis on scrutait un peu autour, qu’un avion ne vienne pas percuter notre tour aussi !
- Tiens, il n’y a pas de femme avec vous le 11 septembre ?
- Juste une amie algerienne qui m’a téléphoné au bureau. Elle riait et parlait tres vite. Elle etait heureuse que les americains payent pour tout le mal qu’ils font et elle me proposait d’aller fêter ça le soir même.
- Je ne veux pas en savoir plus Mr Dubain. J’imagine que c’est encore une femme différente des deux précédentes avec lesquelles vous avez commis le pêché de chair …
- C’est grave Mr l’ange ?
- C’est au patron de juger.... En parlant de guerre, j’ai une date en mars 1994, le premier traité entre Bosniaques et Croates pendant la guerre de Yougoslavie. Ca vous dit quelque chose ?
- Oui biensur ! J’avais signé pour m’engager dans l’armée et partir comme casque bleu à Sarajevo. Plus d’un an d’entrainement dans un centre d’entrainement commando ! Et puis ce jour là, ils ont décidé qu’il n’y aurait plus de partance. J’avais signé pour rien. J’étais un peu deçu.
- Deçu d’un accord de paix, apres la fête pour le 11 septembre … très bien, je le note.
- C’est à dire que  … essaie de couper Anatole, mais l’ange investigateur n’en tient pas compte et continue.
- Pas de femme en tous cas dans votre caserne.
- Non votre honneur, que des hommes.
- Je le note.



- Ce n’est pas ce que vous croyez.
- Je ne crois rien Mr Dubain …. enfin vous verrez avec le patron …  J’ai aussi une date en 1985 mais je ne comprends pas tres bien à quoi cela correspond... vous aviez 15 ans .
- 15 ans ? Ca ne peut être que deux choses : la messe noire par laquelle je donnais mon âme à Lucifer. Mais j’etais jeune , je ne savais pas, c’etait pour rire !
- Oui c’est tres drôle, continuer Mr Dubain. Replique l’ange administrateur sur un ton glacial.
- Et la diffusion d’un documentaire sur la Shoa. Je savais par les cours d’histoire, des mots, des chiffres  … mais ces images là...mon Dieu ... j’ai été tres choqué. Tout ces tas d’hommes pire que de la viande dans des fosses. Les tortures, la faim, l’inhumanité. J’en prennais conscience. Pour moi ça vennait de se produire, pas il y a 40 ans, mais maintenant. J’ai pleuré plusieurs nuits. J’écrivais en pleurant. Des images des suppliciés me revenaient. Je maudissais ma race, ma cruauté. Pour moi le monde a changé ce jour-là.
- Oui , oui … je me rappelle aussi .. quelle belle moisson ce fut … on était débordé même avec tous nos effectifs !
- Ah ! Ils sont venus ici ?
- Biensur ! Il n’y a pas que le pavillon Saint Pierre ici ! Ah quelle naiveté ! Bien, je crois que c’est assez. Vous allez pouvoir vous reposer en attendant votre jugement, Mr Dubain.
- Vous ne me demandez pas pour le 2 janvier 2010 ?
- Non ... le 2 janvier 2010, c’est quoi ça ?
- C’est la mort de mon père …. à la suite d’une erreur medicale … apres une terrible agonie. Pour moi un des evenements les plus historiques du monde ! Que Gandhi puisse mourir ou les autres n’est pas si important, je ne les ai jamais connu et ils n’ont rien fait pour moi. Mais lui c’etait la fin du monde.... C’etait Jesus qui mourrait !
- Et vous étiez avec une copine ce jour là pour la mort de Jesus ? Assez de blaspheme ! Circulez Mr Dubain ! Et avant de partir sachez que vos petites dates personnelles, je n’en ai que faire. Vous même allez oublier tout ça. Un petit rappel de l’Eclesiaste chapitre 9 verset 5 : “Les morts ne savent plus rien puisque leur mémoire est oubliée”.