Claude, mon oncle.
Hier soir à 20h30 son coeur a cessé de battre. Son sang chaud s'est figé dans ses veines. Ses poumons ont suspendu leurs mouvements. Le cerveau est resté quelques instants seul, endormie, de moins en moins sollicité par les échanges nerveux. L'oxygène a fait défaut, tout s'est arrêté.
Evidement ce n'était pas une surprise. La maladie avait fait son oeuvre et comme le fruit déjà mur, on savait que la saison était arrivée et qu'il allait se détacher de l'arbre. Tomber.
Il était arrivé à bout de course et maintenant le travail de destruction, déjà entamé, était totalement en marche. Les bactéries allaient proliferer. Certains tissus se liquéfier. D'autres se rigidifier. Le corps allait s'effacer comme sa mémoire.
Effacés ses souvenirs d'enfance au soleil de la Martinique.
Effacés les années a jouer dans les champs de canne a sucre, à faire du foot avec les freres et les copains, son mémorable vol d'oranges.
Effacés la tristesse, les fanfaronnades, les bêtises et les premieres amours.
Effacés son voyage en métropole, l'armée, la guerre d'Algérie et les petits boulots.
Effacés ses peurs, ses regrets, ses envies, ses questions.
Effacés ses gouts, sa bonne humeur, son bagout et ses antipathies.
Son corps, vieilli, rongé par la maladie s'est durcit. Claude n'est plus là, seul nous reste son cadavre, l'outils cassé qui avait porté sa vie et qui en se brisant a définitivement déchiré une page d'histoire et défait l'esprit qui l'animait.
Certes le monde continue de tourner. Certes pour la presque absolue majorité de l'humanité personne n'a ni remarqué sa présence, ni son abscence.
Mais à moi il me manque avec sa voix et son regard, ses plaisanteries et ses avis tranchés, ses provocations et ses conseils, ses plaintes et sa cuisine, son amour des femmes et de sa femme, ...
Adieu Claude, tu me manques.
Je me souviendrai de toi jusqu'a ce qu'arrive mon tour.