mercredi 30 mai 2012
L'année de la pensée magique, Joan DIDION
Joan Didion cherche son mari décédé brutalement dans la chronologie de sa mort, dans tous les petits détails, un veritable travail d'investigation. Elle se cherche elle-même, étudie les livres de médecine, les livres sur le deuil. Elle nous livre 1 ans de sa vie, sans son mari qui est pourtant à chaque page.
Un fabuleux témoignage sur le deuil, d'autant qu'elle trouve les mots pour le dire.
C'est vrai que le fait qu'elle soit riche et célèbre, voyageant de Paris à Holywood en passant par Honolulu et tous les festivals et conventions, créent une certaine distance qui aurait pu faire penser à de l'apitoiement de la part d'une femme trop gatée par la vie. Mais il n'en est rien .
Un très bon livre sur le deuil donc.
Je n'ai personnellement pas vecu le deuil de cette façon exactement, mais j'ai trouvé de nombreux points communs et des reflexions tres justes.
Le lièvre de Vatanen, Arto PAASILINA
Vatanen est finlandais, il est journaliste mais a perdu l'innocence de ses débuts, il a une femme .... detestable et une vie toute tracée.
Au détour d'une route forestiere, en déplacement pour une interview, il va percuter un lièvre. Il décide de le soigner. Et ce décalage, va lui faire prendre de la distance par rapport a sa vie. Le liévre à ses cotés, il va vivre alors un periple aussi improbable que possible !
Vatanen change de vie, il a soif de grands espaces et de liberté.
Un livre sympathique qui se lit vite. A son sujet j'ai entendu parlé de roman écologiste, mais je ne crois pas que ce soit la dimension réellement mise en avant.
Je pense en revanche que ce livre nous rappelle que la vie est pleine de surprise quand on prend la peine de la vivre !
samedi 19 mai 2012
Atelier du 18 mai 2012
Il s'agissait d'employer une anaphore ... Le résultat n'est pas très joyeux :)
Chut, nous tombons !
Nous tombons dans le silence et l’apathie des égoïsmes banales.
Nous tombons tel la pluie, des légions de gouttes grises chutant des cieux de sang.
Nous tombons sous la faux indifferente et froide à la moisson finale.
Nous tombons sans fin sous les griffes du destin et les coups du malheur tout puissant.
Nous tombons dans les milles bouches ouvertes et avides de la terre affamée.
Nous tombons et personne ne nous rattrappe, anges déchus, meurtris, déçus.
Nous tombons jusque dans la tombe et l’oubli humide de la tourbe originelle.
Nous tombons dans la boue où nous gisons défait, notre combat est terminé.
Nous tombons dans la boue et nous nous y entassons tous, monuments corrompus.
Nous tombons dans la boue, la fange maternelle, notre sauveur éternel.
Chut, nous tombons !
Nous tombons dans le silence et l’apathie des égoïsmes banales.
Nous tombons tel la pluie, des légions de gouttes grises chutant des cieux de sang.
Nous tombons sous la faux indifferente et froide à la moisson finale.
Nous tombons sans fin sous les griffes du destin et les coups du malheur tout puissant.
Nous tombons dans les milles bouches ouvertes et avides de la terre affamée.
Nous tombons et personne ne nous rattrappe, anges déchus, meurtris, déçus.
Nous tombons jusque dans la tombe et l’oubli humide de la tourbe originelle.
Nous tombons dans la boue où nous gisons défait, notre combat est terminé.
Nous tombons dans la boue et nous nous y entassons tous, monuments corrompus.
Nous tombons dans la boue, la fange maternelle, notre sauveur éternel.
Bonus !
J'avais écrit celui-ci pour l'atelier dans le cadre d'écrire sur le thème du secret ... mais je ne l'ai finalement pas retenu ... enfin le voici !
Nota : je sais que l'illustration ne represente pas une colombienne , mais à défaut de mieux ...
Ma colombienne.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Comme celui de ses ancêtres andins qui élevaient les enfants tel des agneaux à sacrifier ou répendaient en grandes orgies la semence des hommes afin de féconder la terre.
Vêtus d’or et d’émeraudes, ils versaient le sang écarlate pour le dieu soleil.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Mais elle s’habille avec plus de couleurs qu’un arc en ciel et use de paillettes qui brillent comme les étoiles dans l’aube fraiche des hauts plateaux.
Son sac de toile est bariolé de symboles païens et gonflé d’ingrédients mysterieux, c’est le mochila sacré des indiens.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Inlassablement elle consulte les planètes, étudie le monde des songes et écoute les esprits .
Sa bouche est un maléfice qui d’un rictus comme un sourire vous attache à elle.
Et ainsi elle me porte à son bras, ma sombre chamane qui se pare des couleurs de mon coeur.
Nota : je sais que l'illustration ne represente pas une colombienne , mais à défaut de mieux ...
Ma colombienne.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Comme celui de ses ancêtres andins qui élevaient les enfants tel des agneaux à sacrifier ou répendaient en grandes orgies la semence des hommes afin de féconder la terre.
Vêtus d’or et d’émeraudes, ils versaient le sang écarlate pour le dieu soleil.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Mais elle s’habille avec plus de couleurs qu’un arc en ciel et use de paillettes qui brillent comme les étoiles dans l’aube fraiche des hauts plateaux.
Son sac de toile est bariolé de symboles païens et gonflé d’ingrédients mysterieux, c’est le mochila sacré des indiens.
Elle a de long cheveux noir, des yeux noirs maquillés de noir
et un coeur noir.
Inlassablement elle consulte les planètes, étudie le monde des songes et écoute les esprits .
Sa bouche est un maléfice qui d’un rictus comme un sourire vous attache à elle.
Et ainsi elle me porte à son bras, ma sombre chamane qui se pare des couleurs de mon coeur.
Ratrapage de l'atelier du 11 mai 2012
Eh oui je n'etait pas à l'atelier ce vendredi ....
....car j'étais avec mon fils pour la remise des prix de son atelier de dessin !
Mais j'ai quand même rattrappé le coup !
Le sujet tournait autour de l'évocation d'un secret ....
Cher journal,
Aujourd’hui encore me voila face à toi, le seul gardien de mes secrets.
Je te dis tout , je n’ai pas d’autre vrai confident.
Mais aujourd’hui c’est la derniere fois. Je t’explique !
La vie n’est pas facile pour moi. Il y a mes études. Je n’y arrive pas ! Dèja 2 fois que j’échoue à ma premiere année de droit. J’ai dit à mes parents que j’avais commencé la licence, autrement ils m’auraient inscrit à une école de coiffure ! Je ne le dit pas à la famille, ils sont tous tellement persuadé que je suis une élève studieuse … enfin sauf mes copines qui me connaissent !
Mon père, ce matin, m’a confirmé que cet été je dois encore aller avec eux à la Baule ... comme tous les ans avec pépé et mémé. C’est lourd ! Et toutes mes copines qui vont avec leur copain ou qui voyagent en groupe, qui font du trekking , qui vont au dancing … et moi je vais juste me foutre a poil avec pépé et mémé au camping naturiste ! Mes parents savent que ca m’emmerde. Putain, ça je le dit à personne ! Même Laetitia, ma meilleure copine, croit que je vais faire du ‘oldy-sitting’. Elles me prend pour mére Theresa ! Il n’y que toi qui le sait … et ma famille aussi , et surtout pépé avec ses yeux de pervers !
Je ne crois pas te l’avoir écrit mais je suis sorti avec Luis. Hier on était au café des sports, tous les 2, le hasard. Moi j’attendais Laetitia pour aller au ciné et lui il venait boire un verre en lisant le bouquin pour la prof de droit. On a discuté, j’adore son coté intello et ses yeux presque verts. On a quitté le bar tous les 2 avant que ma copine debarque. Tant pis pour elle, je dirai que mes parents voulaient que je rentre. C’est ma meilleure copine mais je ne peux pas tout lui dire non plus ! Bref Luis et moi on s’est embrassé dans sa voiture.
De toute facon j’en avait marre d’Eric. C’est vrai qu’il est mignon mais il est franchement lourd entre sa muscu et ses jeux video … en plus il a même pas son permis et c’est galére pour bouger. Je sais pas encore comment je vais le plaquer , pour l’instant il ne doit pas savoir. Personne ne doit savoir … enfin sauf toi et Luis !
Et puis Il faut que je trouve une excuse à dire à mes parents pour passer le WE avec Lui !
Hiiiiiii ! Je pourrai dire que je vais dormir chez Laetitia …. mais c’est l’ex de Luis , ça pourrait faire louche. Elle pourrait se douter d’un truc même s’ils ont cassé la semaine derniere. C’est chaud !
Il faut que je trouve autre chose …
Enfin mon cher journal, tu le vois, tu sais tout de moi !
Imagine si ma petite soeur te trouvait ! Chiante comme elle est ! Le mieux c’est que maintenant j’écrive tout sur mon mur privé dans Facebook . Alors comprend moi, tu es devenu trop encombrant , trop dangereux. c’est pour ça que ce soir je te brulerai.
Ludivine.
....car j'étais avec mon fils pour la remise des prix de son atelier de dessin !
Mais j'ai quand même rattrappé le coup !
Le sujet tournait autour de l'évocation d'un secret ....
Cher journal,
Aujourd’hui encore me voila face à toi, le seul gardien de mes secrets.
Je te dis tout , je n’ai pas d’autre vrai confident.
Mais aujourd’hui c’est la derniere fois. Je t’explique !
La vie n’est pas facile pour moi. Il y a mes études. Je n’y arrive pas ! Dèja 2 fois que j’échoue à ma premiere année de droit. J’ai dit à mes parents que j’avais commencé la licence, autrement ils m’auraient inscrit à une école de coiffure ! Je ne le dit pas à la famille, ils sont tous tellement persuadé que je suis une élève studieuse … enfin sauf mes copines qui me connaissent !
Mon père, ce matin, m’a confirmé que cet été je dois encore aller avec eux à la Baule ... comme tous les ans avec pépé et mémé. C’est lourd ! Et toutes mes copines qui vont avec leur copain ou qui voyagent en groupe, qui font du trekking , qui vont au dancing … et moi je vais juste me foutre a poil avec pépé et mémé au camping naturiste ! Mes parents savent que ca m’emmerde. Putain, ça je le dit à personne ! Même Laetitia, ma meilleure copine, croit que je vais faire du ‘oldy-sitting’. Elles me prend pour mére Theresa ! Il n’y que toi qui le sait … et ma famille aussi , et surtout pépé avec ses yeux de pervers !
Je ne crois pas te l’avoir écrit mais je suis sorti avec Luis. Hier on était au café des sports, tous les 2, le hasard. Moi j’attendais Laetitia pour aller au ciné et lui il venait boire un verre en lisant le bouquin pour la prof de droit. On a discuté, j’adore son coté intello et ses yeux presque verts. On a quitté le bar tous les 2 avant que ma copine debarque. Tant pis pour elle, je dirai que mes parents voulaient que je rentre. C’est ma meilleure copine mais je ne peux pas tout lui dire non plus ! Bref Luis et moi on s’est embrassé dans sa voiture.
De toute facon j’en avait marre d’Eric. C’est vrai qu’il est mignon mais il est franchement lourd entre sa muscu et ses jeux video … en plus il a même pas son permis et c’est galére pour bouger. Je sais pas encore comment je vais le plaquer , pour l’instant il ne doit pas savoir. Personne ne doit savoir … enfin sauf toi et Luis !
Et puis Il faut que je trouve une excuse à dire à mes parents pour passer le WE avec Lui !
Hiiiiiii ! Je pourrai dire que je vais dormir chez Laetitia …. mais c’est l’ex de Luis , ça pourrait faire louche. Elle pourrait se douter d’un truc même s’ils ont cassé la semaine derniere. C’est chaud !
Il faut que je trouve autre chose …
Enfin mon cher journal, tu le vois, tu sais tout de moi !
Imagine si ma petite soeur te trouvait ! Chiante comme elle est ! Le mieux c’est que maintenant j’écrive tout sur mon mur privé dans Facebook . Alors comprend moi, tu es devenu trop encombrant , trop dangereux. c’est pour ça que ce soir je te brulerai.
Ludivine.
mardi 15 mai 2012
Inconnu à cette adresse , KRESSMANN TAYLOR
Un petit livre ou plutôt une nouvelle sous forme épistolaire. Deux allemands ont une affaire aux Etats-Unis et l'un d'eux retourne en Allemagne. On est en 1933 et Adolphe Hitler est en pleine ascension ...
Un livre efficace qui met en garde contre les courants populaires.
Le sang du ciel , Piotr RAWICZ
Voici un roman noir ... tres noir. Il se déroule pendant la deuxieme guerre mondial, à l'est. Le héros, Boris, est un juif rafiné et aisé qui vit le pogrom. Il va recontrer Noemie puis il va devoir fuir, se tranformer en Yuri Goletz , une extention de sa personnalité, un role , un second moi.
J'avoue être un peu hermetique à sa poesie quelque fois ... mais la noirceur de ses pensés, de sa vision ainsi que ses doutes ou sa fuite sont tellement bien écrits !
D'ailleurs c'est le livre unique de cet auteur qui ira jusqu'au bout de sa pensée en se suicidant ...
Ce livre je ne l'ai pas dévoré, mais degusté, lentement pour en apprecier autant que possible, le gout delicieusement acidulé.
Citation :
"Le seul vrai déchirement, la seule vrai guerre entre 2 êtres est celle que se livrent non point leurs interêts ni même leurs peaux, mais bien leur songe. Le sang des songes, leur pus sont un poison perfide."
mardi 8 mai 2012
Atelier du 4 mai 2012
Il s'agissait cette fois de decrire un objet et de laisser cette description a notre voisin de table pour qu'il en découvre/invente l'usage. La description que j'ai faites était celle de la poire d'angoisse, chere aux boureaux du moyen age ! Et celle que je reçu fut celle de Frederic. Je ne l'avait pas deviné, c'etait une visionneuse stereoscopique ...
Au fond d’une vieille armoire, une boite en carton gris piquée par endroit de petites taches.
Une fois soulevés couvercle et poussière, on en extirpe un boitier de bois clair, lisse et verni avec soin. Ses dimensions sont celles d’un très gros livre.
Sur sa face exterieur se trouve une fine trappe de bois rendue mobile grace à une charniere de laiton. Sur son coté latteral droit, une fente de quelques millimètres de largeur et de trois centimètre de hauteur avec un petit crochet et un anneau en permettant la fermeture. A l’arriere du boitier se trouvent deux lunettes de bachélite noire munies de fortes lentilles, presque identique à une paire de jumelles comme inserées dans le bois. Enfin sur la face avant une plaque de verre opaque blanc-gris.
Le professeur Brown avait raison, elles sont là, elles m’attendent !
Après avoir longuement caressé le boitier, senti les fins defauts du vernis sous mes doigts, les froides charnieres, le doux bachelite, je repose l’artefact dans sa boite . Je saisis dans la poche de mon veston brun en velour cotelé la pierre de Rava. D'environ deux centimètres de diamètre, cette pierre mystique, semblable à une agathe noire, m’avait fait profaner la tombe du Rabi Zera dans le vieux cimetierre de Prague.
Et donc suite à des années d’étude, de voyages et d’enquêtes je vais enfin découvrir le secret, mon secret !
Prudement je deverouille le crochet lateral et j’ouvre la trappe du boitier de bois par son sommet. A l’interieur je découvre un écrin de cuir sombre, gravé de glyphes kabalistiques rouges, et tout
autour sont disposés de petits miroirs en cercles concentriques. Je roule la pierre de Rava dans ma main avant de la placer au centre du dispositif et de refermer la petite trappe.
Tout est en place. Mon coeur bat fort.
J’inspire et j’expire profondement pour me calmer ... et la vieille maison grince sous le vent du nord qui souffle ...
Enfin décidé, je porte les optiques de bachelite à mes yeux. Je distingue au milieu de l’obscurité une lointaine lueur. Puis une image se détache, se rapproche et devient nette. Je me reconnais. Je suis dans une chambre avec un lit recouvert d’un plaid poussiereux ... les murs sont recouvert d’un papier à motif gris passé ... puis il y a une grosse armoire ouverte … il y a aussi un homme face à moi. C’est un SS qui me vise de son lugger … et tire ! Je vois mes jambes m’abandonner et enfin ma derniere vision est celle d'un plancher de chêne grossier qui se teinte de sang.
Effrayé, j’arrache ‘les lunettes du prophète’ de ma vue et je remarque face à moi un SS, un rictus aux lèvres et un lugger au poing.
Atelier du 26 avril 2012
Le texte de la semaine : il s'agissait de lier les dates de l'histoire a notre histoire personnelle ...
“Anatole Dubain 1969-2013 est appelé au bureau Saint Pierre guichet A10”
Crachote un vieux haut parleur de la salle d’attente.
Anatole se léve. Il passe timidement, sa corde de pendu encore à la main, devant une épaisse femme au visage bouffi, quelques algues accrochées dans ses cheveux gras. Puis il trébuche dans les jambes d’un motard, tenant sous son bras son casque avec sa tete à l’interieur, avant d’atteindre le couloir qui mène aux guichets A.
Le couloir est sombre et plusieurs portes, marquées de numéros, luisent de différentes couleurs. A5, A8, A10 c’est là ! Anatole toque et ouvre la porte. Il decouvre, derriere un long bureau gris, un ange mal razé aux ailes sales et deplumées. Celui-ci, sans lever les yeux de ses papiers, l’invite du geste à s’assoire. Anatole s’execute et l’ange lit à haute voix le document :
“Monsieur Anatole Dubain, mis sur terre le 6 juin 1970 à Paris et retiré le 27 decembre 2013 à Paris par pendaison volontaire.”
- C’est ça monsieur l’ange.
- Pas de familiarité entre nous Monsieur Dubain. Appelez moi par mon nom : Fonctionnaire Uriel de grade 3 au bureau Saint Pierre. C’est écrit sur la plaque du bureau, c’est pas difficile.”
Anatole aquièce silencieusemenent.
“- Bon , il nous manque quelques dates pour completer le formulaire “Acta est fabula” qui va servir à instruire votre cas pour le jugement dernier. En effet suite à une migration de nos bases de donnée, nous avons perdu quelques informations que cet entretient à pour but de retablir. Il s’agit de date historique, se sera aisé de vous les rappeler. Alors voyons.... Que faisiez vous lors du passage au second millenaire ?
- Eh bien j’étais dans mon petit appartement de banlieue. La lumiere etait éteinte et les rares meubles étaient comme des fantômes se dessinant dans la faible lueur des reverberes de la rue. J’entendais des fêtes que l’on donnait dans aux alentours. De la musique, des éclats de rires, des cris d’exitation. Et moi j’esperais que ça n’allait pas réveiller mon amie malade qui dormait dans ma chambre ...
- Oui vraimement passionnant. Vous êtes un ange Anatole ! Lache le fonctionnaire angelique tout en griffonnant sur la fiche cartoné sur son bureau. Et que faisiez vous le 25 juin 2009 ?
- Le 25 juin 2009 ?
- Oui à la mort de Johnny Hallyday.
- Il est mort ?
- Ah ! Autant pour moi. Cette date de grande liesse n’est pas encore échue. Non, c’etait le départ de monsieur Jackson Michael, le chanteur international. Alors ?
- Eheu... J’étais à Cuba, dans un taxi avec une amie du cru. J’ai entendu la nouvelle à la radio en espagnol. Je n’etais pas sur de l’info mais la femme avec qui j’étais etait catastrophée et me l’a confirmé. C’etait incroyable que ce pillier de la culture pop de mon enfance puisse mourir !
- Eh oui Mr Dubain, c’est bien malheureux. Donc vous étiez avec une amie, la même que précédement ?
- non votre honneur.
- Je vous en prie monsieur Dubain. Bon, je note... Et pour le 11 septembre 2001 ?
- Vous ne me demandez pas pour la mort de Claude François ?
- Non, non. Alors ce 11 septembre ?
- J’étais au bureau, à La defense, dans une tour, et un collègue nous a dit de regarder sur internet. On avait les images en direct. Tout le monde avait arreté de travailler. C’etait fou ce qui arrivait, les avions de ligne remplis de passager qui s’abimaient dans les tours, puis d’autres sur le pentagone ou sur la route de Washinton. On pensait qu’on etait a l’aube d’une grande guerre. Et puis on scrutait un peu autour, qu’un avion ne vienne pas percuter notre tour aussi !
- Tiens, il n’y a pas de femme avec vous le 11 septembre ?
- Juste une amie algerienne qui m’a téléphoné au bureau. Elle riait et parlait tres vite. Elle etait heureuse que les americains payent pour tout le mal qu’ils font et elle me proposait d’aller fêter ça le soir même.
- Je ne veux pas en savoir plus Mr Dubain. J’imagine que c’est encore une femme différente des deux précédentes avec lesquelles vous avez commis le pêché de chair …
- C’est grave Mr l’ange ?
- C’est au patron de juger.... En parlant de guerre, j’ai une date en mars 1994, le premier traité entre Bosniaques et Croates pendant la guerre de Yougoslavie. Ca vous dit quelque chose ?
- Oui biensur ! J’avais signé pour m’engager dans l’armée et partir comme casque bleu à Sarajevo. Plus d’un an d’entrainement dans un centre d’entrainement commando ! Et puis ce jour là, ils ont décidé qu’il n’y aurait plus de partance. J’avais signé pour rien. J’étais un peu deçu.
- Deçu d’un accord de paix, apres la fête pour le 11 septembre … très bien, je le note.
- C’est à dire que … essaie de couper Anatole, mais l’ange investigateur n’en tient pas compte et continue.
- Pas de femme en tous cas dans votre caserne.
- Non votre honneur, que des hommes.
- Je le note.
- Ce n’est pas ce que vous croyez.
- Je ne crois rien Mr Dubain …. enfin vous verrez avec le patron … J’ai aussi une date en 1985 mais je ne comprends pas tres bien à quoi cela correspond... vous aviez 15 ans .
- 15 ans ? Ca ne peut être que deux choses : la messe noire par laquelle je donnais mon âme à Lucifer. Mais j’etais jeune , je ne savais pas, c’etait pour rire !
- Oui c’est tres drôle, continuer Mr Dubain. Replique l’ange administrateur sur un ton glacial.
- Et la diffusion d’un documentaire sur la Shoa. Je savais par les cours d’histoire, des mots, des chiffres … mais ces images là...mon Dieu ... j’ai été tres choqué. Tout ces tas d’hommes pire que de la viande dans des fosses. Les tortures, la faim, l’inhumanité. J’en prennais conscience. Pour moi ça vennait de se produire, pas il y a 40 ans, mais maintenant. J’ai pleuré plusieurs nuits. J’écrivais en pleurant. Des images des suppliciés me revenaient. Je maudissais ma race, ma cruauté. Pour moi le monde a changé ce jour-là.
- Oui , oui … je me rappelle aussi .. quelle belle moisson ce fut … on était débordé même avec tous nos effectifs !
- Ah ! Ils sont venus ici ?
- Biensur ! Il n’y a pas que le pavillon Saint Pierre ici ! Ah quelle naiveté ! Bien, je crois que c’est assez. Vous allez pouvoir vous reposer en attendant votre jugement, Mr Dubain.
- Vous ne me demandez pas pour le 2 janvier 2010 ?
- Non ... le 2 janvier 2010, c’est quoi ça ?
- C’est la mort de mon père …. à la suite d’une erreur medicale … apres une terrible agonie. Pour moi un des evenements les plus historiques du monde ! Que Gandhi puisse mourir ou les autres n’est pas si important, je ne les ai jamais connu et ils n’ont rien fait pour moi. Mais lui c’etait la fin du monde.... C’etait Jesus qui mourrait !
- Et vous étiez avec une copine ce jour là pour la mort de Jesus ? Assez de blaspheme ! Circulez Mr Dubain ! Et avant de partir sachez que vos petites dates personnelles, je n’en ai que faire. Vous même allez oublier tout ça. Un petit rappel de l’Eclesiaste chapitre 9 verset 5 : “Les morts ne savent plus rien puisque leur mémoire est oubliée”.
mardi 1 mai 2012
Avec les damnés , Charles BUKOWSKI
Cette anthologie est excellente pour faire connaissance avec cette vieille canaille de Bukowski !
Des textes, des nouvelles, des poemes... personellement j'adore ! Certes c'est un peu cru et désabusé, certes il se met en scene ainsi que la pauvreté, la prostitution, l'alcoolisme , ... mais bon sang que c'est bien fait !
Un livre tout simplement humain . Une antologie 'must read' pour quiconque veut jetter un oeil sur l'auteur mythique et cette autre amerique, celle des 'loosers'.
Ca vaut le coup quand on est guidé par ce cabochard de Bukowski !
Citation : "Les hopitaux, les prisons et les putes : telles sont les universités de la vie."
Atelier du 20 avril 2012
Et encore un texte de l'atelier !
Il s'agissait de presenter un personnage confronté à une porte ...
Il fait nuit, il fait froid.
J’ai sur moi mon uniforme kaki et mon arme de service. J’ai bu ‘un peu’ et je ne marche plus très droit jusqu’au poste de garde. Mes rangers crissent sur le gravillon et salissent le silence glaciale qui recouvre notre caserne tapie au coeur de la forêt vosgienne.
J’ouvre la lourde porte de la salle de garde, allume le néon du plafond et je m’écroule lourdement sur la chaise réglementaire, derrière un petit bureau de metal gris. La piéce est dépouillée . Les murs sont peints en jaune et renvoient une lumiere criarde qui me fait mal au crane … une vitre blindée y est accrochée comme une immense toile avec son reverbere dont l’éclairage cru dessine la barriere de la caserne. Tout est immobile, gelé, dans l’air froid et clair de l’hivers.
Je suis seul, a peine rechauffé par l’alcool.
J’écoute ma respiration lourde.
Je joue avec mon pistolet automatique machinalement.
Mon équipe dort dans la piece d’a coté. J’irai en reveiller un … plus tard...
On est tous de garde, isolé sur notre colline, ce week-end du nouvel an.
Je fixe cette barriere, si mince, seule relief de mon paysage. Il serait facile de passer dessous, ou par dessus ...derriere c'est la liberté , le civil ! Mais en fait ce n’est pas si simple, car cette barriere est protegée par le reglement, lui-même protegé par des soldats, eux-même protegés par leurs armes : du coup ça en fait du monde a passer pour sortir !
Apres ma ronde j’étais revenue par le mess des officiers et avec le barman de permanence. On s’en était jeté quelques’uns derriere le col ... toutes sortes d’alcool ! Et on avait parlé des copains qui ont rejoint leurs familles ou leurs petites amis, ou bien les deux. Je les imagine maintenant décomptant les secondes avant la nouvelle année. J’imagine les bises qu’on échangent, y compris à la tata-monique-qui-pique. Les rires forcés. les danses molles de fin de soirée. Les nausées avant l’aube.
Je fixe toujours cette satanée barriere bariolée de rouge et de blanc. Une simple poutre … Le meilleur moyen se carapater du casernement ! Parce que pour le reste la caserne est fortifiée a l’ancienne avec de hauts murs de pierre et des douves ! Je suis seul, qu’est ce qui pourrait physiquement m’empecher de sortir ?
Je pense à ma femme qui est à la maison … non pas elle ! Elle doit plutot etre à faire la fête avec des copains ! Et mes parents … Ah le nouvel an en famille ! Les réveillons tellement longs avec en bruit de fond les émissions de télé. Les eclats de rire en boite, les videos réchauffés, les chanteurs sur le retour et les danseuses à peine scandaleuse d’une revue pour faire saliver papy... La soirée pour looser solitaire !
Je suis seul avec ma barriere et comme Ebenezer Srooge, les fantômes du passée et du présent étaient venus me visiter.
Si je sortais maintenant ? Le premier village est à quoi ? une bonne heure de marche ! Je rentrerai dans un bistrot. Je boirai, je jouerai aux cartes ... Puis il y aurait de la musique et des filles. On danserait … peut-etre même plus ! Et puis au petit matin je me ferai raccompagner ... Qui le saurait ? Juste à prendre mon courage à deux mains, me lever, passer cette barriere et en avant ! J’aurai de quoi raconter au mess demain !
Juste a passer cette barriere tellement proche et tellement loin.
Non, je n’abandonnerai pas ma barriere. Je suis son gardien.
A quoi bon cette soirée dans un bar ? Ici j’ai déja bien bu . Danser avec des filles ? Je ne sais pas danser et puis pourquoi danseraient-elles avec moi, un bidasse quelconque ?
Devant cette barriere je doit l’avouer je me sens a l’abri. Elle me garde autant que je la garde. Elle est pas epaisse mais elle me protege avec les reglements, les soldats et leurs armes. Dehors, le civil c’est la liberté mais la solitude aussi. Ici j’ai mon rôle. On est entre copain !
Cette barriere je l’aime bien et je me verrai bien signer pour encore quelques années !
Il s'agissait de presenter un personnage confronté à une porte ...
Il fait nuit, il fait froid.
J’ai sur moi mon uniforme kaki et mon arme de service. J’ai bu ‘un peu’ et je ne marche plus très droit jusqu’au poste de garde. Mes rangers crissent sur le gravillon et salissent le silence glaciale qui recouvre notre caserne tapie au coeur de la forêt vosgienne.
J’ouvre la lourde porte de la salle de garde, allume le néon du plafond et je m’écroule lourdement sur la chaise réglementaire, derrière un petit bureau de metal gris. La piéce est dépouillée . Les murs sont peints en jaune et renvoient une lumiere criarde qui me fait mal au crane … une vitre blindée y est accrochée comme une immense toile avec son reverbere dont l’éclairage cru dessine la barriere de la caserne. Tout est immobile, gelé, dans l’air froid et clair de l’hivers.
Je suis seul, a peine rechauffé par l’alcool.
J’écoute ma respiration lourde.
Je joue avec mon pistolet automatique machinalement.
Mon équipe dort dans la piece d’a coté. J’irai en reveiller un … plus tard...
On est tous de garde, isolé sur notre colline, ce week-end du nouvel an.
Je fixe cette barriere, si mince, seule relief de mon paysage. Il serait facile de passer dessous, ou par dessus ...derriere c'est la liberté , le civil ! Mais en fait ce n’est pas si simple, car cette barriere est protegée par le reglement, lui-même protegé par des soldats, eux-même protegés par leurs armes : du coup ça en fait du monde a passer pour sortir !
Apres ma ronde j’étais revenue par le mess des officiers et avec le barman de permanence. On s’en était jeté quelques’uns derriere le col ... toutes sortes d’alcool ! Et on avait parlé des copains qui ont rejoint leurs familles ou leurs petites amis, ou bien les deux. Je les imagine maintenant décomptant les secondes avant la nouvelle année. J’imagine les bises qu’on échangent, y compris à la tata-monique-qui-pique. Les rires forcés. les danses molles de fin de soirée. Les nausées avant l’aube.
Je fixe toujours cette satanée barriere bariolée de rouge et de blanc. Une simple poutre … Le meilleur moyen se carapater du casernement ! Parce que pour le reste la caserne est fortifiée a l’ancienne avec de hauts murs de pierre et des douves ! Je suis seul, qu’est ce qui pourrait physiquement m’empecher de sortir ?
Je pense à ma femme qui est à la maison … non pas elle ! Elle doit plutot etre à faire la fête avec des copains ! Et mes parents … Ah le nouvel an en famille ! Les réveillons tellement longs avec en bruit de fond les émissions de télé. Les eclats de rire en boite, les videos réchauffés, les chanteurs sur le retour et les danseuses à peine scandaleuse d’une revue pour faire saliver papy... La soirée pour looser solitaire !
Je suis seul avec ma barriere et comme Ebenezer Srooge, les fantômes du passée et du présent étaient venus me visiter.
Si je sortais maintenant ? Le premier village est à quoi ? une bonne heure de marche ! Je rentrerai dans un bistrot. Je boirai, je jouerai aux cartes ... Puis il y aurait de la musique et des filles. On danserait … peut-etre même plus ! Et puis au petit matin je me ferai raccompagner ... Qui le saurait ? Juste à prendre mon courage à deux mains, me lever, passer cette barriere et en avant ! J’aurai de quoi raconter au mess demain !
Juste a passer cette barriere tellement proche et tellement loin.
Non, je n’abandonnerai pas ma barriere. Je suis son gardien.
A quoi bon cette soirée dans un bar ? Ici j’ai déja bien bu . Danser avec des filles ? Je ne sais pas danser et puis pourquoi danseraient-elles avec moi, un bidasse quelconque ?
Devant cette barriere je doit l’avouer je me sens a l’abri. Elle me garde autant que je la garde. Elle est pas epaisse mais elle me protege avec les reglements, les soldats et leurs armes. Dehors, le civil c’est la liberté mais la solitude aussi. Ici j’ai mon rôle. On est entre copain !
Cette barriere je l’aime bien et je me verrai bien signer pour encore quelques années !
Inscription à :
Articles (Atom)