mercredi 3 avril 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie OTSUKA




Le livre traite de l'immigration vers les Etats Unis des femmes japonaise destiné a se marier au debut des années 20.

La forme du livre est interressante car il s'agit de longues listes de vecu de femmes regroupés par theme chronologique : Le bateau, les maris, le travail, les enfants et la guerre de 45 qui clos les temoignages facon twiter, puisqu'a chaque fois il s'agit d'une phrase ou deux pour chaque cas.

Un livre qui a valeur de documentaire sur les petites histoires dans la grande histoire. Un allé retour de ces femmes qui debarquerent lutterent pour survivre, souvent traitée en esclave, et le depart de l'espace de vie qu'elles s'etaient crée pour les camps durant la guerre contre le Japon.

Leur sort est peu enviable et tout a l'honneur de ces femmes courageuses. Les hommes quant a eux n'en sortent pas grandi. Presque un manifeste feministe ou les femmes survivent malgré les hommes.


lundi 1 avril 2013

Atelier du 20 mars 2013



Il s'agissait d'écrire un texte comme le fit Nathalie Saraute dans ‘Enfance’ qui décrit un souvenir de transgression.




La banlieue grise d’un petit matin d’hivers où les griffes des arbres decharnés grattent molement le ciel moribond de la nuit. Un bus accelére lourdement lachant un nuage sombre, la lueur jaunatre de ses phares se refletant sur l’asphalte gras et humide.


Les passagers muets et moroses feuillettent avec attention des journaux gratuits de propagande, souvent bercé par la musique nasillarde que crache leur casque. D’autres sont endormis la tête sur la poitrine ou la joue sur la vitre rayé et embué. D’autres encore sont plongés dans la contemplation de leur téléphone en plastique dont l’écran les irradie.


Manteaux noirs, chaussures noires, ils vont a l’enterrement de leur journée.
Des quintes de toux fleurissent sur le silence sale comme de la mauvaise herbe. L’air chargé de leurs miasmes les réunis dans ce tombeau de métal qui coupe l’aube de ses feux et l’asphyxie de son diesel.




Il est là,dans ce bus qui ronfle doucement. Crispé, concentré, il ne voit plus autour de lui.
Il est agé, vêtu très soigneusement. Ses cheveux courts et gris sont assortis à ses yeux de la même couleur, neutre. Le visage ridé, la peau pâle et des mains tavelés qui agrippent le chrome glacé d’une des barres de l’allée. Il ne va pas bien mais il veut faire bonne figure, ne déranger personne. En silence, il résiste.


Puis le viel homme qui se tenait d’ordinaire si droit, tombe comme un arbre coupé au milieu de cette forêt d’inconnue. D’abord il s’écroule, raide, sur les genoux. Une femme d’origine africaine en boubou tente en vain de le remettre debout et s’inquiète pour lui, pendant que d’autres voyageurs blâment déjà du regard ce fauteur de trouble ou s’évertuent à l’ignorer.
Finalement le vieil homme s’écrase sur le sol de caoutchouc parmi les chewing gum, les crachats et les canettes abandonnées.


Il respire difficilement.


Il a peur mais il ne renonce pas, il ne veut pas que cette bétaillère soit son cimetière.
Pourtant la mort est là, penchée sur lui avec toutes les têtes de cette foule à peine sorties de leurs lits moites. Peut-être est-ce son cerveau mal irrigué, mais il la distingue qui le regarde froidement.


Le viel homme ne veut pas se soumettre.
Il a fait plusieurs guerres et il a assité à la mort de camarades et d’ennemis aussi. Il a vu de longues agonies, la peur au ventre , les larmes àl’oeil et les prieres muette. Et lui il ne veux pas, pas lui !
Il a vécu des couchers de soleil sur les dunes du Sahara où apparaissaient les étoiles comme des fleurs dans le jardin de la nuit. Il a écouté pendant des mois le rythme sacré de l’océan Atlantique lorsqu’il le traversait en rêvant perdu a bord d’un rafiot a vapeur. Il s’est battu comme un tigre contre les éléments déchaînés dans des tempêtes tropicales en Asie. Il a été le dernier confident de ce griot sans âge qui vivait au pied de son baobab au Cameroun, lui legant les secret des esprits de la foret.
Il a fait tant de chose, vu tant de chose et compris tant de chose qu’il ne peut pas mourir ici dans ce bus de banlieue crasseux. Alors il regarde la mort en face, il pourrait la toucher tant elle est proche, et de ses dernières forces il hurle : NON !                    ... et la mort l’emporte.      




Atelier du 14 mars 2013


Il s'agissait d'ecrire un texte comme le fit Marguerite Duras qui décrivait dans l’amant, une photo symbolique qui ne fut pas prise. 
Bon un peu hors sujet mon texte ...
 

 
Cette photo je l’ai prise.
Je l’avais déjà prise 1000 fois avec les caméras de mes yeux. Je savais que c’était important, il me fallait immortaliser ces instants . Mais je ne les avais jamais développé,  ces images  moisissaient sur leur négatif de cervelle.

L’homme qui est sur la photo à de nombreuse fois 20 ans et sa peau très pâle porte un treillis de rides. Sur son crane, une forêt d’argent perpetuelllement hirsute, chahuté par un vent qu’elle seul perçoit. Ses pommettes tombantes sous le poids des ans, ont creusé ses joues d’une fosse qui souligne sa machoire anguleuse . Ses lèvres, un trait sec et pincé,  dissimulent , je le sais , le puit venteux de sa gorge encore hanté par la vie. Et ses sourcils broussailleux abritent dans des cavernes profondes des yeux bleus acier que j’ai habité depuis ma naissance. Car sur cette photo c’est mon père. Il est assis sur sa bergère de cuir vert sombre. Cette bergère, sa maison dans la maison. Il y recevait ses invités, il y passait des heures à lire, il y dégustait ses cafés , il y savourait la vie de famille qui s’écoulait ... il y dormait aussi … souvent  …. surtout vers la fin.

Cette photo de lui dans son fauteuil je l’avais prise 1000 fois des caméras de mes yeux, et une fois avec mon appareil photo. C’est la dernière photo que j’ai de lui, et son dernier jour dans ce fauteuil.

Immobile, il regarde l’objectif pour toujours.
Le front plissé, il m’observe le prendre en photo. Je devais être joyeux ce jour là de capturer sa vieillesse corrompu dans ma drôle de boite électronique. Mais sur son regard lointain se lit le désespoir sans fond d’une lutte perdue d’avance. Car déjà il gravissait péniblement le col de l’agonie avant de parcourir l’interminable vallée de la mort. Cette photographie qui me fixe depuis le passé, est un cadavre. Silencieuse, elle tourmente ma mémoire de sa décomposition.

Maintenant le fauteuil est vide, la photo n’est plus possible. J’essaye de voir par les yeux du souvenir et du coeur ces 1000 clichés que je n’ai pas photographié mais dont l’ombre est fixé, je l’espère, à jamais en moi … mais je ne suis pas naïf, on ne gagne pas contre la nuit et Chronos dévore toujours ses enfants.                      


 

Atelier du 28 fevrier 2013

Il s'agissait d'une tentative d'écriture sur une pierre qu'on nous avait mise en mains ...


Améthyste, métisse d’Uruguay
D’un os et d’une pierre mélée,
Bout de machoire oubliée
Aux dents pourpres biseautées
Colorées de sang séché.
C’est l’éclat d’un tout cassé,
Le fragment d’un coeur brisé.
L’âpre gangue a éclatée,
Ton âme triste enfermée
Loin de moi s’est échapée
Sot trépas de mon passé,
Ruine solide et glacé
De mon amour fracturé,
Ce minéral regretté
Plus beau morcelé qu’entier.
Améthyste, métisse d’Uruguay
D’un coeur et d’un caillou cassés.



En Suisse ...






 

















  

Effroyables jardins, Michel QUINT



Encore une lecture scolaire qui m'a fait découvrir ce livre d'une grande sensibilité.
Tout part d'un fait divers, une personne déguisé comme un clown assiste au procès de Maurice Papon.
Puis on suit le narrateur qui nous explique sa haine des clown et la honte qu'il éprouve à avoir un père qui fait le clown. Le récit est vivant, on ne s'ennuie jamais, c'est plein d'esprit et souffle sur le texte la folie ordinaire des années de guerre.
On accompagne le narrateur depuis son enfance juqu'à la révélation de Gaston, l'ami de son père, qui retourne completement l'histoire.
Un grand livre dans un petit format. Une période a ne jamais oublier d'autant que les vents de l'histoire semble nous rabattre de nouveau dans cette direction ...

Le début ...




Poeme de la mort, de TUROLD à VILLON.




C'est un recueil de poemes du moyen age, du XIe siècle juqu'au XVe, dont le sujet est ' la mort ' !
C'est délicieux, terriblement bien croqué.
L'image de la mort est alors partout, danses macabres, gisants, peinture religieuses, calvaires, etc ...
On trouve dans ces poemes des récits, des pensées, de la morale ou des paraboles.Pour les allergique à Dieu et ceux qui ont développé une intolérance a la religiosité, c'est clairement pas vers l'art du moyen age qu'il faut regarder !

Un point que j'ai particulierement apprécié c'est la permiere partie du livre qui présente à droite le texte original ... c'est plus ardu dans la seconde partie ou le texte est brut d'interpretation ...
On y retrouve des grands poetes de ces temps François Villon, Christine de Pisan, Chretien de Troye, ... Il sont tous donné la parole a la mort que maintenant nous dissimulons ou nous mettons en scene pour qu'elle soit moins dérangeante...

Mento mori !


Extrait du Testament de Villon ( le debut )

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Extrait (traduit) des "Vers de la mort"  de Robert le clerc d'Arras. 

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 Extrait ( traduit) de 'la chanson de Roland' de Turold.

Notre besoin de consolation est impossible a rassasier, S. DAGERMAN



Un excellent texte, rapide à lire et qui trouve écho dans nos vies.
Une écriture dépouillé, des images qui touchent. Le texte est brut, fantastique. Il part dans tous les sens, explore le désespoir et la mort. 
Un texte qui serait noir si l'auteur ne considerait pas son pouvoir de resistance superieur aux forces en presence, celle de la societé.
Hélas, peu de temps après, certainement affaibli, il se donnera la mort. Il ecrit d'ailleurs "le suicide est la seule preuve de la liberté humaine"

C'est un testament que je relis a chaque fois que je retombe dessus.
Nous marchons au bord de l'abime, il faut etre fort pour ne pas tomber. Trouver cette force est difficile ...

En voici la lecture par les 'têtes raides' en 21 minutes.

A lire ou écouter absolument ....

PS: Le prix Acte Sud est honteux, le texte est partout sur le net gratuitement ....

L'Enéide, VIRGILE





Ahhhh Virgile !!!
J'avoue que j'avais tenté la lecture de l'Enéide plusieurs fois mais le texte est tres ... lourd !
Et voila pas qu'une nouvelle traduction arrive, celle de Paul VEYNE, et la tout s'eclaire :
Adieu les phrases alambiquées et empesées ! Le texte a un souffle épique et certaines scènes sont mémorables !
Bref un chef d'oeuvre atemporel, pourvu qu'il soit compréhensible !
Evidement il est des chants plus vivants que d'autre, mais au final on laisse Enée tristement ... même s'il est plutôt cruel ... mais c'est la faute des dieux :)

Un livre d'aventure mythologique fondateur enfin ouvert a notre entendement sans étude latine approfondie même si celle ci sont les bienvenues .









mercredi 30 janvier 2013

Atelier du 17 janvier 2013


Où il s'agissait d'expliquer a son personnage sa scène :

 




C’est l’été, le ciel de Paris s’est habillé d’une nuit claire. La ville ronronne et tu respires son air tiède et vicié qui te tue, qui te ronge.

Rue Linné, tu te diriges vers une bouche de métro. Tes semelles claquent sur le trottoir encombré de badauds plantés à l’entrée des bistrots qui clopent leur mégots. Tu ne les vois pas car tes pensées ne suivent pas tes chaussures, elles vagabondent sur le visage de Jamila, réchauffé par le soleil de son regard noir.
Mais il faut te faire une raison, elle ne reviendras pas.

La semaine dernière, elle t’a enlevé ton passé comme un vieux manteau sale et abîmé. Ces souvenirs que tu croyais heureux étaient pour elle désastreux. Elle te l’a dit, elle n’a plus d’amour pour toi, elle ne sais pas pourquoi mais tes baisers sont devenus amère et tes caresses rugueuses. Toi, tu penses à elle tout le temps en maudissant son absence dans le silence de ton appartement. Tu ne comprends pas que ton amour ne suffise pas. Tu es seul dans un monde devenu sombre, parcouru d’ombres. Ta vie est sans éclat, les rues roulent sous tes pas et te conduisent presque malgré toi, vers ce métro que vous aviez l’habitude d’emprunter.

Comme l’autre jour où tu étais entré dans cette brasserie place de Clichy. Vous aviez coutume d’y déjeuner sur le pouce avant d’aller au ciné. Le patron t’avait reconnu: “ Ah, mais c’est nos amoureux ! On attend mademoiselle ?”  Ta gorge et ton coeur s’étaient serrés, c’était physiquement douloureux, et l’eau de tes yeux bleu avait bien failli déborder sur tes joues blême. Oui, on l’attends, mais elle ne reviendra pas.

Peut-être as tu approché le soleil de trop près et tes ailes sont-elles brûlées ? Alors tu tombes, tu tombes inexorablement, tu sombres, tu te gâtes, tu pourris jusqu’au moment où son regard s’étreindra des yeux de ta mémoire. Alors tout sera fini…tout est déjà fini !




Tu ne t’en ais pas aperçu mais tu descends les marches de la station Jussieu, ligne 7.
Il y a des gens autour de toi. Que font-ils là ? Les inconscients, ils rient !
Ils ne comprennent pas qu’ils sont des enfants qui ne maitrisent rien, de petites coquilles de noix sur l’océan. Toi tu sais que leur pouvoir sur l’existence est faible, dérisoire, illusoire car toi aussi quand elle était là, tu te croyais invincible ! Et puis elle est parti et tu as compris la vanité qu’il y a à être heureux.

Tu regardes cette légion grouillante alignée sur le quai, ils sont comme des microbes sur une plaie infectée. Mais comment as-tu pu être aveugle à ce point ?

Alors son image te revient, encore.
Ses lèvres sur les tiennes, elle était dans tes bras quand vous vous retrouviez après le travail. Sa petite main dans la tienne. La tendresse et l’admiration que tu lisais dans ses grands yeux sombres alors que vous refaisiez le monde à la nuit tombée. Puis vous faisiez l’amour, la chaleur animale de son corps généreux pressé contre toi … la douceur de sa peau cannelle. Et le sourire d’enfant qu’elle te tendait en se réveillant à tes coté le matin. Tant de souvenirs, tant de rire, tant de rêve d’avenir ….. et tant de vide pour finir.

Elle est parti avec ce passé tellement plus riche que ton présent, si decevant …
Elle est parti mais tu sens que l’univers entier guette toujours son retour. Mais ...
… Elle est parti et elle ne reviendra plus, plus jamais. C’est terminé,
Elle est parti.

Tu es seul, prisonnier à perpétuité de ta propre vie, médiocre, et le temps fuit tellement lentement que perpétuité va être une éternité, une éternité froide et grise.

Allons mignonne, voir si la rose qui ce matin avait éclose se nécrose !
Finalement ils avaient raison, l’amour est comme une rose, belle et cruelle, qui une fois cueilli se fane.
Toutefois, avant de faire ce dernier pas vers la voie, tu souris à penser que cette rose sera le fumier d’une autre fleur que tu ne verras pas, et tu rentre chez toi.






 




Atelier du 10 janvier 2013


C'etait juste pour m'amuser !
Le theme étant qu'il fallait faire une étude de cas, comme les peintres ou les dessinateurs sur notre main gauche ....






Lettre à ma main gauche :



Bonjour main gauche main du diable,

Tu as bien pietre allure avec tes petites pattes malabiles aux ongles rongés, toute angoissée qu’on te reconaisse. Mutiles-tu aussi tes griffes sans utilitées car tu es trop couarde pour batailler ?
Tu es vêtu de la peau pale et lisse des travailleurs d’interieur, des petits d’hommes qui ne connaissent pas la vie, celle qui souffle dehors comme une tempête.

Main gauche main du diable, tes 5 doigts sont réunis autour d’un abdomen veiné, araignée hominidé qui se carapate sur ce papier. Tes pattes sont courtes comme ta pensée, celle de l’instantané : toucher, palper, attraper, frapper, casser. Mais dans ta paume ridée se lie ma destiné, ligne de chance méfiance, ligne de vie envie et ligne de coeur je meurs... Nain gauche, tu joues avec ma vie !

Helas, main gauche main du diable, tu as été bien possedée car tu portes l’anneau de l’esclavage. Ta maitresse te dresse. Tu la flatttes mais tu es trop gauche dans ta débauche. Jamais tu ne la satisfait, elle est toujours avide de plus de soumission. Araignée de chair, petite oisive  qui laisse sa soeur gratter sur ce cahier.

Au revoir main gauche main du diable, main faible et sinistre qui parade avec son anneau d’argent. Un jour tu comprendras, à mon dernier souffle, qui était vraiment ton maitre. Et tu te convulseras, et tu te crisperas et tu te raidiras, agonisante, les pattes battantes aux vents. Vulgaire araignée qui ne me sert que pour la symetrie, tenir un guidon et caresser mon chien. Je t’emporterai dans mon tombeau et inseparable nous visiterons le diable !


Chaleureusement,
Le gros bout de viande caché derriere ton poignet, moi.